Julien Michaud

Quand tout a basculé, Julien Michaud a saisi un feutre peinture très fin et un carnet au papier épais. Les jours et les pages ont tourné, un dessin de chaque côté. Petits cailloux, bêtes et gens, larmes et couleurs y ont dessiné leur monde en expansion, en équilibre.
Une douzaine de carnets plus tard, certains habitants de ce monde s’émancipent déjà : l’horoscope de Grazia s’est placé sous leur signe troublant et imprévisible.
Miniatures en marge d’une biographie inédite, ces créatures vivent aujourd’hui leurs vies propres. Elles édictent puis abolissent leurs lois plastiques : aplats et matières, cernes et ombres forment des systèmes temporaires face à la blancheur du papier. Elles y tracent leurs scénarios, leurs drames, leurs amours. Elles apparaissent et s’évanouissent, changent de couleurs et de masques au rythme d’une chronique quotidienne.
Piquants à la manière des « drôleries » ou grotesques, ces êtres oniriques qui surgissent des entrelacs végétaux des manuscrits gothiques tardifs, les dessins de Julien Michaud ne sont pas des illustrations. Nés d’une urgence, accomplissement d’un rituel nécessaire, ils ont conquis une existence autonome, qui se poursuit à présent sous nos yeux.

Texte Claire Guha.

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